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Récupérer les résidus de plantes médicinales pour les utiliser comme combustible dans une chaudière biomasse

Les Laboratoires Pierre Fabre ont développé et installé une chaudière biomasse utilisant les résidus de plantes médicinales et cosmétiques comme combustible. La mise en place de cette solution climat permet d’une part d’internaliser et de pérenniser la filière de valorisation de nos marcs de plantes et d’autre part d’alimenter l’usine la plus importante du Groupe en énergie renouvelable pour la production d’eau chaude et de chauffage, diminuant ainsi notre empreinte carbone de 1600 T de Co2 par an.

Damien Cabrol

Description détaillée de la Solution

40% du chiffre d’affaires des Laboratoires Pierre Fabre est assuré par la commercialisation de produits dont l’actif est issu des végétaux. Pour assurer une totale maîtrise des filières de plantes nous avons mis en place une démarche spécifique appelée Botanical Expertise Pierre Fabre qui a été labellisée par l’EFQM*. Celle-ci porte sur le développement responsable d’actifs végétaux, de la recherche sur les plantes à leur mise en culture, en passant par l’extraction et la production des actifs issus de ces plantes. Elle repose sur quatre piliers que sont la qualité, l’innovation, la protection de la biodiversité et le respect des partenaires.* La valorisation interne des marcs de plantes une fois les actifs extraits dans notre usine de Gaillac s’intègre naturellement et pleinement dans cette démarche. Pour assurer cette valorisation, nous avons profité de l’extension de notre plus importante usine de production à Soual pour imaginer une solution de production d’eau chaude et de chauffage à partir des résidus des 3 plantes représentant les plus grands volumes de production de notre usine d’extraction : la Pervenche tropicale (Catharanthusroseus) utilisée en oncologie, le palmier nain de Floride (Serenoa repens) utilisé en urologie et l’Avoine Rhealba® (Avenasativa Rhealba®) utilisée en dermatologie.

De la naissance de l’idée en 2010 à sa mise en œuvre, il a fallu cinq ans pour passer les obstacles techniques et réglementaires. Après un benchmark sur des projets similaires, comme celui de l’alimentation de chaudières par de la paille (Europe du Nord), nous avons mené une étude des procédés de transformation de végétaux en pellets, utilisés pour l’alimentation animale ou comme amendements organiques, puis consulté des écoles et pôles de recherches spécialisées sur les énergies renouvelables (EMAC-Albi). Ces informations nous ont permis de choisir la technologie à utiliser et de faire des essais de combustion en laboratoire puis en chaudière pilote. Nous avons ensuite mené différentes démarches administratives d’autorisation au titre des installations classées, de demande d’assimilation en combustible puis de sorti de statut de déchet*. A l’issu de ces démarches et d’essais en conditions réelles avec des analyses de fumées réalisées par l’INERIS, nous avons reçu en juin 2015 l’autorisation du Ministère de l’Environnement pour l’utilisation des marcs de plantes et celle de la préfecture du Tarn pour l’utilisation de la chaudière.

Damien Cabrol

Date de lancement

Réalisation engagée depuis

Le projet a été lancé en 2010 à l’initiative de Monsieur Pierre Fabre. Après une période d’essai démarrée en 2013, la chaudière biomasse a reçu en mars 2015 l’autorisation définitive d’utilisation accordée par le Ministère de l’environnement et la préfecture du Tarn.

Partenaires de la solution

Ce projet transversal a mobilisé les expertises de plusieurs métiers au sein de l’entreprise (Pôle des Actifs Végétaux, Chimie, Production, Ingénierie, Développement Durable).

En externe, nous avons travaillé avec :
• le fabriquant de la chaudière Compte R pour adapter les outils conventionnels à la combustion des plantes
• l’école des Mines d’Albi-Carmaux pour étudier la combustion des végétaux et la faisabilité à une échelle laboratoire
• l’INERIS pour monter un protocole d’essais en conditions réelles et proposer les paramètres d’analyse des fumées, puis réaliser ces analyses en conditions réelles
• la DREAL pour trouver les compromis réglementaires nécessaires à la viabilité d’un tel projet
• L’ADEME pour le financement du projet
• FORESTARN, pour s’approvisionner en plaquettes forestières de qualité (hygrométrie) dans notre département
• TRIFYL (établissement public de gestion des déchets ménagers) pour le stockage de nos marcs de plantes sur leur plateforme de Graulhet à mi-chemin entre nos usines de Gaillac et de Soual.

Points de vigilance pour le déploiement de la Solution

Première initiative de ce type en France, le projet ne s’est pas fait sans quelques difficultés réglementaires et techniques.

Ce projet a été l’un des premiers dossiers de sortie de statut de déchets instruit par le Ministère de l’Environnement. Les discussions menées avec l’administration ont permis d’aboutir à des recommandations réglementaires adaptées pour des projets d’économie circulaire de taille moyenne, projets pour lesquels l’équilibre économique est plus difficile à trouver.

De plus, l’utilisation de résidus de plantes médicinales comme combustible biomasse n’avait jamais été réalisée, ce qui nécessitait de construire l’expertise autour de leur combustion les résidus de plantes médicinales contenant potentiellement plus des métaux lourds, de chlore et de souffre que les plaquettes forestières.
Ainsi, ce projet a nécessité l’adaptation d’une chaudière classique pour pouvoir être co-alimentée en plaquettes forestières et biomasse végétale mais aussi pour la combustion de la biomasse volatile et le traitement des fumées par filtre à manche.
Nous avons ensuite mené différentes démarches administratives d’autorisation au titre des installations classées, de demande d’assimilation en combustible puis de sorti de statut de déchet. Ce projet a été l’un des premiers dossiers de sorti de statut de déchets instruit par le Ministère de l’Environnement. Les discussions menées avec l’administration ont permis d’aboutir à des recommandations réglementaires adaptées pour des projets d’économie circulaire de taille moyenne. A l’issu de ces démarches et d’essais en conditions réelles avec des analyses de fumées réalisées par l’INERIS, nous avons reçu en juin 2015 l’autorisation du Ministère de l’Environnement pour l’utilisation des marcs de plantes et celle de la préfecture du Tarn pour l’utilisation de la chaudière.

Chiffres clés illustrant le déploiement et les résultats de cette Solution

L’investissement global a été de 2,3 millions d’euros. Avec un retour sur investissement de plus de 10 ans, ce projet démontre un réel engagement du Groupe pour l’environnement dans la durée. Nous avons par ailleurs bénéficié du financement public de l’ADEME dans le cadre du fond chaleur.

Les bénéfices environnementaux de ce projet sont :
• la valorisation de 1000 tonnes de résidus de plantes par an
• une substitution de 60% de la consommation de gaz de l’usine
• une réduction de son empreinte carbone de 1600 tonnes de CO2 par an soit une réduction de 5% des GES de l'usine (Méthode Bilan Carbone ADEME).

Performances, impacts et résultats

Environnementaux
o la valorisation de 1000 tonnes de résidus de plantes par an o une substitution de 60% de la consommation de gaz de l’usine o une réduction de son empreinte carbone de 1600 tonnes de CO2 par an soit une réduction de 5% des GES de l'usine (Méthode Bilan Carbone ADEME). En 2016, les cendres issues de la combustion des marcs de plantes seront épandues sur les champs d’Avoine Rhealba® localisés eux aussi dans le Tarn et cultivés selon les principes de l’agriculture biologique. Les démarches autour de la culture et de l’extraction de deux plantes autres utilisées dans la chaudière sont aussi des exemples de solutions climat mises en place par l’entreprise. - pour le Serenoa repens, les solvants du procédés d’extraction sont recyclés à plus de 99% à l’intérieur du process, le pourcentage restant est évaporé (pour désolvanter le marc de plante) puis brûlés dans une chaudière en co-combustion avec du gaz naturel. - pour la Catharanthusroseus, un projet de reforestation à Madagascar, lieu de collecte de la plante, permet de compenser les 3600 teq CO2 émises lors de la fabrication de notre anticancéreux (à partir de pervenche).

Economiques
Ce projet s’inscrit dans une démarche globale d’ancrage territorial et d’économie circulaire poursuivi par notre entreprise. L’Avoine un des trois plantes dont nous récupérons les marcs après extraction est en effet cultivée dans le Tarn, à moins de 40 km à vol d’oiseau de l’usine d’extraction de Gaillac (Tarn). Les principes actifs extraits ainsi que les marcs sont ensuite transportés vers notre usine dermo-cosmétique de Soual (Tarn), à moins de 50 kms de Gaillac. Quant aux 1200 tonnes de plaquettes forestières, elles sont issues de rebus de l’industrie forestière tarnaise (FORESTARN). Nous apportons ainsi un soutien à la filière bois de notre département, durement touché par la désindustrialisation. Enfin, la chaudière utilisée est d’origine française, construite par le dernier fabricant français de chaudières industrielles biomasse dans le Puy de Dôme.

Techniques
Ce projet ouvre la voie à d’autres projets par la compréhension de la combustion des végétaux, dont les éléments diffèrent de ceux du bois. Ainsi, ce projet peut être répliqué par toute activité générant des déchets végétaux (coopérative agricole, industrie du parfum, fabricant d’extrait, etc.). Ce type de projet nécessite une proximité des activités de façon à limiter les distances de transport qui pèseraient trop lourd pour la viabilité économique du projet. Nous sommes d’ailleurs sollicités par différents acteurs pour partager notre expérience du volet réglementaire du projet, puisque nous étions parmi les premiers dossiers de sortie de statut de déchets enregistrés. Notre stratégie RSE s’oriente autour d’axes stratégiques dont l’innovation, l’écoconception et l’empreinte industrielle, la connaissance et la préservation de la nature ainsi que le respect des hommes et de nos territoires d’implantation. Ce projet conjugue tous ces engagements, car il est innovant d’un point de vue technique et réglementaire, il a vu le jour grâce à notre connaissance du patrimoine végétal, il contribue au développement de notre territoire d’implantation et participe à la diminution de notre empreinte environnementale par la valorisation des déchets tout en renforçant la fierté de nos collaborateurs de travailler dans des installations industrielles qui utilisent des énergies renouvelables.

Résultats tangibles à horizons moyen et long terme
o la valorisation de 1000 tonnes de résidus de plantes par an o une substitution de 60% de la consommation de gaz de l’usine o une réduction de son empreinte carbone de 1600 tonnes de CO2 par an soit une réduction de 5% des GES de l'usine (Méthode Bilan Carbone ADEME).

  • Contact professionnel
    Sandrine Roullet-Furnemont
    Laboratoires Pierre Fabre
    Directrice du Développement Durable
  • Contact presse
    Christelle TOUCHET
    Laboratoires Pierre Fabre
    Chargée de Communication Corporate