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Aulnes, Cartographier la valeur des services produits par la nature et diminuer les pertes de biodiversité

Un outil et une méthode opérationnelle de spatialisation des services rendus par les écosystèmes et d’évaluation de la perte engendrée (valeur économique, environnementale voire sociétale) par un projet : cartographie de l’offre, estimation des pertes de services écosystémiques, intégration de la perte de biodiversité et des services écosystémiques dans les bilans socio-économiques des projets.

© Egis

Description détaillée de la Solution

Introduction L’aménagement du territoire contribue aux principales pressions exercées sur la biodiversité ; pour autant l’intégration de la perte de services écosystémiques est absente des évaluations environnementales et économiques d’un projet, ce qui est certainement un des facteurs d’érosion de la biodiversité. Hors les zones identifiées comme importantes pour la biodiversité le sont aussi pour d’autres services écosystémiques, comme le stockage du carbone et la régulation des eaux notamment, etc… Bénéfices Cette démarche met en lumière des impacts jamais pris en compte dans l’évaluation environnementale d’un projet (ou seulement évoqués). Elle connecte pour la première fois à l’échelle d’un projet conjointement les problématiques de biodiversité et les problématiques socio-économiques. C’est ainsi une manière efficace d’identifier les pertes socio-économiques significatives dues aux impacts environnementaux, parmi lesquels les services rendus par les écosystèmes, liés au stockage du Carbone ou aux effets microclimatiques de certains écosystèmes. La démarche permet par la reconnaissance de la valeur de la biodiversité et des services écosystémiques, d’éclairer la décision publique, d’analyser le rôle joué par les écosystèmes dans le stockage du Carbone et d’optimiser un projet en vue du maintien de la biodiversité et des fonctions écologiques associées. Toutes les variantes de tracé d’un projet peuvent ainsi être évaluées du point de vue des services rendus par la nature. Cela permet aux donneurs d’ordre des projets d’éclairer leur choix et de privilégier autant que possible les variantes les moins dévastatrices.

Description de la démarche

L’outil et la méthode permettent d’intégrer les services rendus par les écosystèmes dans l’évaluation et l’optimisation d’un projet d’aménagement, aux différents stades d’étude pour diminuer les pertes de biodiversité. La méthode est opérationnelle et permet :

  • d’établir une cartographie de l’offre de service, à partir d’indicateurs de présence/importance. Cette carte permet d’identifier les « points chauds » de fourniture de services (mise en place de mesures d’évitement) ;
  • de calculer la perte de services liée à la réalisation d’un projet induite par différentes variantes et options de tracés d’une infrastructure de transport linéaire, élaboration d’un nouveau critère de choix entre ces options et amélioration du cadre
  • d’évaluation de la démarche ERC (Eviter – Réduire – Compenser). Un nouveau critère de choix peut être utilisé : la perte de « capital naturel » ;
  • d’optimiser un projet : Quelles sont les zones où les pertes sont les plus importantes ? Quelles mesures permettent de réduire les pertes de services écosystémiques ? Coût/efficacité d’une mesure ;
  • d’intégrer la perte de « Capital Naturel » dans le bilan socio-économique (en complément des critères plutôt humains).

La méthode générale repose sur 4 étapes successives, qui correspondent aux principales étapes de recherche qui ont mené au développement de la méthode :

  1. l’identification des services produits et impactés : une typologie reliant services rendus et couverture des terres a été établie. Cette étape permet de spatialiser la fourniture de service.
  2. la caractérisation de l’aire d’impact considérée pour le service concerné : pour chaque service et par typologie de projet, caractérisation de l’effet des impacts directs et indirects sur les différents services écosystémiques fournis par les écosystèmes,
  3. Prédictions de la perte de services en termes biophysiques & estimation de la perte (valeurs économiques)
  4. Évolution de cette perte dans le temps : utilisation d’un « taux d’actualisation » écologique

Cette méthode générale est adaptée en fonction du stade du projet.

Date de lancement

Projet en cours avec première expérimentation depuis

en 2013/2014 sur un projet de ligne ferroviaire

Partenaires de la solution

Aulnes a été réalisé en collaboration avec l’université de Montpellier (UM1, UM3) Montpellier SupAgro et le CNRS dans le cadre de travaux de recherche confiés à une doctorante Léa Tardieu. Le travail a été soutenu par le CGDD avec qui Egis a partagé la méthodologie et les résultats. L’outil est d’ores et déjà exploité dans le cadre d’un projet exploratoire dans le cadre de l’appel à projet de recherche CILB/FRB/ITTECOP.
Aulnes est un outil d’aide à la décision pour les maitres d’ouvrage et décideurs publics.

Points de vigilance pour le déploiement de la Solution

La démarche est opérationnelle en tant que telle. Elle a été testée sur un projet de ligne nouvelle ferroviaire. L’application de la démarche et le retour d’expérience sur une telle évaluation reste à tester sur des projets nouveaux.

Chiffres clés illustrant le déploiement et les résultats de cette Solution

Sur le projet de ligne ferroviaire où la démarche a été appliquée :
Situation avant le projet : Établissement d’une carte d’offre de services rendus par la nature : sur une aire d’étude de 110 km de long et de près de 2 km de large associée à un projet d’infrastructure étudié en France, quinze services ont été identifiés et évalués (en majorité des services de régulation).
Impact du projet : Calcul de la perte de services liée à la réalisation du projet : la perte de services évaluée pour les variantes de tracé étudiées s’avère discriminante et permet de les distinguer sur ce thème. Le test réalisé sur un projet ferroviaire montre que sur un linéaire de 20 km, la perte brute, ou « empreinte services écosystémiques » du projet varie entre 228000 et 293000 €/an (€2010) selon le tracé considéré (sur les trois étudiés). Si cette perte peut être jugée faible en comparaison des services globalement fournis par la Nature dans les territoires traversés, il est néanmoins intéressant de montrer que le choix de la solution de moindre impact permet de réduire la perte de services écosystémiques de 20 % (soit 65 000 €/an), illustrant bien l’intérêt de mettre en œuvre une démarche d’évitement au regard de ce critère dans le cadre d’une approche multicritères plus globale (environnementale, technique et économique).
L’intégration des pertes de services dans les coûts du projet modifie de manière significative le bilan socio-économique (baisse de 20 % environ du bénéfice actualisé – baisse importante lié à la faible rentabilité du projet).
L’approche permet également de réaliser des comparaisons par paires, par exemple en comparant le bénéfice d’une ligne à grande vitesse réduisant l’impact sur la qualité de l’air (puisqu’elle réduit le trafic routier) au coût que sa construction engendre suite à la réduction de surfaces de forêts péri-urbaines régulant la qualité de l’air. Dans notre cas, le bénéfice est totalement compensé par le coût, ainsi que 2/3 du bénéfice dans le cas du climat global.

Performances, impacts et résultats

Environnementaux
Cette démarche permet la reconnaissance de la valeur de la biodiversité et des services écosystémiques, et donc d’éclairer la décision publique, le porteur de projet et le gestionnaire ou propriétaire d’espaces naturels en vue du maintien de la biodiversité. Les zones identifiées comme importantes pour la biodiversité peuvent aussi l’être pour d’autres services écosystémiques notamment le stockage du carbone, la régulation des flux d’eau, etc. En définitive, des objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre peuvent être conciliés avec des enjeux de préservation de la biodiversité, du bien-être des populations, etc., élargissant d’autant la portée des actions en leur faveur.

Sociaux/sociétaux
L’analyse des pertes permet de fournir un panorama plus complet des coûts engendrés par l’infrastructure, information qui peut se révéler utile aux décideurs mais également au public en phase de concertation. Par ailleurs, cette approche met en lumière pour le grand public les enjeux de la préservation de la biodiversité en révélant les services qui lui sont « gratuitement » fournis par la Nature.

Economiques
Sur le projet où l’outil et la démarche ont été mis en œuvre (voir ci-dessus): la perte de services évaluée pour les variantes de tracé étudiées s’avère discriminante et permet de les distinguer sur ce thème. L’intégration des pertes de services dans les coûts du projet peut modifier le bilan socio-économique mais aussi le bilan des coûts collectifs tel qu’il est actuellement pratiqué.

  • Contact professionnel
    Dorothée LABARRAQUE
    EGIS
    Responsable technique
  • Contact presse
    Isabelle BOURGUET
    Egis
    Directrice de la communication et du marketing